Compétitivité
Réunion du Conseil

Conseil Compétitivité - Les ministres s’accordent sur la gravité de la situation de l’industrie sidérurgique et sur le besoin de prendre des mesures qui assureront la pérennité du secteur européen de l’acier

Les ministres de l’UE en charge de la Compétitivité se sont retrouvés le 9 novembre 2015 à Bruxelles pour une réunion extraordinaire du Conseil Compétitivité présidée par Etienne Schneider, vice-premier ministre et ministre de l’Economie. Les discussions ont porté sur "la profonde crise qui secoue actuellement le secteur de l’acier européen", qui a entraîné une série de fermetures d'usines et des pertes d'emplois dans l'UE. Les ministres de l’Économie ont fait le point sur la situation sur base d’une note d’information établie par la Présidence luxembourgeoise et ont examiné les mesures nécessaires pour redresser la compétitivité de ce secteur.

Pour alimenter le débat, la Présidence luxembourgeoise a invité plusieurs décideurs d’entreprises sidérurgiques européennes, qui ont exposé la perspective du secteur.

"Notre réunion a conduit à quelques points d'action concrets" s’est félicité Etienne Schneider, en évoquant les conclusions de la Présidence qui listent plusieurs mesures en vue de venir en aide au secteur de l’acier. Jyrki Katainen, vice-président de la Commission européenne chargé de l’Emploi, de la Croissance, de l’Investissement et de la Compétitivité, a souligné la nécessité d’adopter "des mesures structurelles" à la fois au niveau des Etats membres, de l’UE et à l’échelle internationale, afin de créer un "level playing field" pour le marché de l'acier.

"L'industrie sidérurgique fait face à des défis importants et immédiats"

Etienne Schneider et Jyrki Katainen, le 9 novembre 2015"L'industrie sidérurgique fait face à des défis importants et immédiats, qui mettent en danger l'existence d'une industrie de l’acier significative et compétitive en Europe", a déclaré Etienne Schneider lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion du Conseil.

Estimant que l’industrie sidérurgique est "hautement stratégique pour l’UE", Etienne Schneider a souligné l’importance de lui donner "les conditions-cadres adéquates pour rester compétitive au niveau mondial".

L'UE est le deuxième plus grand producteur d'acier au monde après la Chine. Sa production est de plus de 177 millions de tonnes d'acier par an, soit 11 % de la production mondiale, contre 22 % en 2001 et 15,7 % en 2007. Le secteur a une forte dimension européenne: on dénombre quelque 500 sites de production dans l'UE, répartis entre 23 États membres.

Etienne Schneider a expliqué que les difficultés de l’industrie sidérurgique étaient notamment dues à la surcapacité de production d’acier au niveau mondial, estimée à 500 millions de tonnes – dont plus de 300 millions de tonnes proviennent de Chine – ce qui correspond à trois fois le niveau de la production totale de l'UE. "Ceci fait dramatiquement baisser les prix et encourage les pratiques commerciales déloyales", a-t-il regretté.

En outre, "les coûts de l’énergie dans l’UE beaucoup plus élevés que dans certaines autres régions du monde productrices d’acier", a-t-il ajouté. "Par exemple, nos producteurs paient environ le double du prix de leurs homologues américains", a-t-il indiqué.

"Il n’y a pas de solution miracle", a pour sa part indiqué Jyrki Katainen, avant de souligner la nécessité d’adopter "des mesures structurelles" à la fois au niveau des Etats membres, de l’UE et à l’échelle internationale, afin de créer un "level playing field" pour le marché de l'acier.

Les conclusions de la Présidence luxembourgeoise

"Nous n’avons pas seulement discuté, mais notre réunion a déjà conduit à quelques points d'action concrets" s’est félicité Etienne Schneider, en évoquant les conclusions de la Présidence.

Le document indique que les ministres ont reconnu "la gravité de la situation" et se sont mis d’accord sur la nécessité de prendre des mesures concrètes qui assureront la pérennité du secteur européen de l'acier. "Le Conseil a également considéré que ces mesures devraient faire partie d'une approche globale, visant à créer des conditions-cadres de concurrence pour l'industrie de l'UE dans son ensemble", a ajouté le ministre.

Etienne Schneider a ensuite listé plusieurs mesures qui selon la Présidence luxembourgeoise, doivent être prises de façon prioritaire. Parmi celles-ci figure l’intensification de discussions impliquant tous les producteurs d'acier importants tels que la Chine, la Russie, la Biélorussie, la Turquie et l'Inde.

"Je note également une forte demande pour une utilisation plus complète et plus rapide des instruments de défense commerciale pour assurer un ‘level playing field’ au niveau mondial et décourager les pratiques commerciales déloyales", a ajouté le ministre. Jyrki Katainen a tenu à préciser à ce sujet que la Commission continuera d’utiliser "tous les instruments de défense commerciale" dont elle dispose. "Actuellement, il y a 37 mesures sur les importations de produits d'acier qui sont en place, dont 21 concernent la Chine, directement ou indirectement", a-t-il dit, ce qui prouve selon lui que les instruments "fonctionnent".

Etienne Schneider a également évoqué l’importance de faire le meilleur usage des possibilités offertes par les règles révisées de l’UE relatives aux aides d'État pour soutenir les industries à forte intensité énergétique.

Le ministre luxembourgeois a ensuite insisté sur la nécessité de "faire plein usage du plan d'investissement pour l'Europe" afin de "mettre à jour et moderniser" le secteur de l'acier. "Il y a déjà une grande entreprise de l’acier italienne qui a pu bénéficier du Fonds européen pour les investissements stratégiques afin de moderniser sa production d’acier", a précisé à ce sujet Jyrki Katainen, espérant que d’autres entreprises vont suivre.

"Nous devons veiller à ce que la réforme du système ETS crée les bonnes incitations à l'innovation industrielle et encourage la capacité à augmenter les niveaux de production", a encore dit le ministre. "Tous les Etats membres s'accordent sur le fait que pour la réforme de l'ETS, nous devons prendre en compte le problème des industries fortement consommatrices en énergie", a dit le ministre.

A ce sujet, Jyrki Katainen a averti que "les négociations sur le climat à Paris vont avoir un gros impact sur le marché, un impact important, en particulier sur la production de l'acier de la Chine", face à la volonté internationale de réduire les émissions de CO2 pouvant avoir des répercussions importantes sur le secteur. "Nous espérons que les Etats membres auront recours à la nouvelle réglementation sur les aides visant à soutenir les industries énergivores, qui revient à soutenir la recherche et développement, la formation, l'emploi, et les coûts indirects du système" d'échange des quotas de carbone (ETS), a encore dit le commissaire.

Parmi les mesures évoquées dans les conclusions de la Présidence figure aussi la nécessité de mettre en œuvre rapidement l'Union européenne de l'énergie "pour assurer l'accès à une énergie sûre, abordable et respectueuse du climat".

Enfin,  Etienne Schneider a mis en avant la nécessité de faire le meilleur usage des instruments et financements de l’UE disponibles, tels que le Fonds européen d'ajustement à la mondialisation.

Une conférence spéciale à haut niveau en vue d’envisager la mise en place de mesures pertinentes

En guise de conclusion, Etienne Schneider a indiqué que la réunion d’aujourd'hui n’était pas "un événement ponctuel", mais plutôt "le début d’un processus". "Il a été convenu que la Commission organisera une conférence spéciale à haut niveau des parties prenantes, qui impliquera les partenaires sociaux, en vue d’examiner la situation et d’envisager la mise en place de mesures pertinentes", a-t-il dit. L’application du plan d'action pour le secteur de l’acier, le dernier document stratégique de l'UE sur la compétitivité de l'industrie sidérurgique adopté par la Commission en 2013, devra être réexaminée dans ce contexte.

  • Mis à jour le 09-11-2015