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A moins de 2 mois de la COP21, Carole Dieschbourg souligne que le projet de texte en négociation manque encore d’ambition aux yeux de l’UE

La ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, avait convié la presse à Luxembourg le 16 octobre 2015, afin de faire le point sur les préparatifs de la 21e session de la conférence des parties (COP 21) à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) qui se déroulera à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015.

Pour rappel, la 21e conférence des Nations unies sur les changements climatiques se donne pour ambition d’aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à l’ensemble des Etats, dans l’objectif de maintenir le réchauffement mondial en-deçà de 2°C. La Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE travaillera dans ce contexte à ce que cet accord intègre au maximum la position de l’Union européenne adoptée le 18 septembre 2015.

A désormais moins de 50 jours du début de la COP21, Carole Dieschbourg s’est félicitée des progrès politiques engrangés lors des nombreuses réunions des derniers mois. "Nous disposons depuis le 5 octobre d’un nouveau ‘short text’ de négociations qui sera discuté à Bonn [en Allemagne lors de la dernière session de négociation sur le texte avant la conférence, ndlr] la semaine prochaine et nous avons désormais 150 parties qui ont présenté leurs objectifs de réduction, couvrant ainsi près de 90 % des émissions mondiales", a-t-elle dit, soulignant que le protocole de Kyoto ne couvrait pour sa part que 14 % des émissions mondialement produites. "Nous sommes désormais proches d’un accord mondial", a-t-elle ajouté.

La ministre de l’Environnement a également salué dans ce contexte "l’accord unanime" marqué par les Etats membres au Conseil Environnement le 18 septembre, sur base d’un texte de compromis de la Présidence luxembourgeoise, sur le mandat de négociation de l’UE. "Il était très important de disposer de ce mandat avant Bonn pour donner une orientation politique claire aux négociateurs", a souligné la ministre.

Pour ce qui est de la position de l’UE justement, Carole Dieschbourg a rappelé que l’objectif de l'Union était de parvenir à un accord ambitieux, juridiquement contraignant et dynamique afin de limiter le réchauffement de la planète à moins de 2°C. A cet égard, elle a noté que le texte de négociation sur la table manquait cependant "d’ambition" aux yeux des Européens, et cela plus particulièrement à trois niveaux.

Ainsi, en termes d’objectifs de réduction tout d’abord, la ministre a rappelé que la limitation du réchauffement à moins de 2°C devait être "opérationnalisée" et traduites dans objectifs "compréhensibles" pour les citoyens et les entreprises. "Le mandat de l’UE appelle à développer une vision à long terme vers la neutralité climatique mondiale et durable et la résilience au changement climatique, et donc à définir une trajectoire claire vers une société zéro émissions au plus tard en 2100", a dit la ministre, qui juge cet élément "nécessaire pour assurer la transition vers une société durable".

En outre, la ministre a relevé que pour maintenir le réchauffement climatique sous les 2°C, les contributions actuelles n’étaient pas suffisantes. Le mandat de l’UE suggère donc d’introduire des cycles de réexamen de cinq ans qui permettront d’augmenter régulièrement le niveau d’ambition des objectifs. "Il en va de la crédibilité de l’accord", a-t-elle ajouté, soulignant que de telles étapes permettraient d’une part d’obtenir un accord durable dans le temps et d’autre part, un texte qui puisse s’adapter aux évolutions, notamment technologiques. "En cas de bonds technologiques, les ambitions pourraient être relevées en conséquence", a indiqué la ministre.

Enfin, il faut garantir la transparence de l’accord et de ses mécanismes, a dit Carole Dieschbourg. Le mandat de l’UE souligne à cet égard qu’il s’agit d’assurer un régime solide fondé sur des règles communes, y compris des règles en ce qui concerne la transparence et l'obligation de rendre des comptes. Il s’agit ainsi de pouvoir assurer "une certaine prévisibilité" et de pouvoir mesurer et "comparer" les efforts de chacun, a-t-elle poursuivi.

La ministre de l’Environnement a encore insisté sur le fait que l’accord de Paris, même s’il est primordial de le faire aboutir, n’est qu’une étape et qu’il faut profiter de la dynamique des dernières années dans la société civile et les entreprises en faveur d’une transition énergétique et durable. "La révolution dont nous avons besoin est déjà en marche et cela doit se poursuivre également avant 2020 et l’entrée en force de l’accord de Paris. On ne pourra pas commencer seulement en 2020, nous devons faire des efforts dès aujourd’hui", a-t-elle conclu.

  • Mis à jour le 16-10-2015