Affaires étrangères - Justice et Affaires intérieures
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Forum ministériel JAI de l’UE et des Balkans occidentaux – Jean Asselborn salue la coopération sur la crise des réfugiés, mais appelle à des efforts pour limiter les demandes d’asile dans l’UE des ressortissants des pays balkaniques

Les ministres en charge de la Justice et des Affaires intérieures des Etats membres de l’Union européenne (UE) et des pays des Balkans occidentaux se sont retrouvés à Sarajevo, les 7 et 8 décembre 2015, pour participer au forum ministériel annuel "Justice et Affaires intérieures" de l’UE et des Balkans occidentaux consacré cette année aux questions de migration et d’asile, de sécurité et de lutte contre le terrorisme ainsi que de coopération judiciaire.

La réunion a cependant été perturbée pour des raisons météorologiques, plusieurs ministres attendus ayant été empêchés d’atterrir dans la capitale de la Bosnie-Herzégovine. Le ministre de la Sécurité intérieure, Etienne Schneider, et le ministre de la Justice, Félix Braz, ont ainsi été contraints d’annuler leur participation, comme un certain nombre d’autres représentants de l’UE et de la région. Le ministre des Affaires étrangères et européennes, ministre de l’Immigration et de l’Asile, Jean Asselborn, qui a pu se rendre sur place, a donc présidé le volet consacré à la sécurité en plus de celui dédié aux migrations.

La coopération est bonne, mais il y a encore matière à amélioration

Lors d’une conférence de presse en marge de la réunion, le 7 décembre, Jean Asselborn, a expliqué que le but de la rencontre était de discuter du défi commun auquel font face les deux groupes d’Etats à l'égard de la haute pression migratoire actuelle, alors que "des milliers de migrants transitent actuellement via les pays des Balkans occidentaux en vue d'atteindre leur pays de destination".Dimitris Avramopoulos, Jean Asselborn et Fabrice Leggeri  à Sarajevo le 7 décembre 2015

Dans ce contexte, Jean Asselborn a répété que la coopération face à une telle crise était "de la plus haute importance" car personne ne pourra la résoudre seule et "la charge doit être partagée". Le ministre a rappelé qu’au cours de la Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE, les Etats membres s’étaient accordés sur le besoin d’octroyer "davantage de soutien" aux pays des Balkans occidentaux. L’organisation de la conférence de haut niveau sur la "Route de la Méditerranée orientale et des Balkans occidentaux" le 8 octobre 2015 à Luxembourg qui a "réuni tous les acteurs concernés" et permis de décider du renforcement du développement des capacités dans les pays des Balkans occidentaux en est un exemple selon le ministre.

Dans le contexte de la crise migratoire, Jean Asselborn a souligné que la coopération avec les pays des Balkans occidentaux était "bonne", notamment en termes d’échange d’information concernant la situation sur le terrain, mais qu’il y avait "encore matière à amélioration". Il s’agit en particulier d’éviter les décisions unilatérales qui "créent des réactions en chaîne sur les pays voisins", a plaidé le ministre de l’Immigration.

Si la coopération est bonne, se pose néanmoins la question du nombre élevé de demandes d’asile dans l’UE émanant de ressortissants des Balkans occidentaux, Jean Asselborn rappelant à ce sujet que le groupe de pays des Balkans occidentaux, qui bénéficient de régimes sans visas, se place en quatrième position en termes de demandes, derrière la Syrie, l’Irak et l’Afghanistan. "La libéralisation du régime des visas est un achèvement central pour les pays des Balkans occidentaux et nous devrions, tous ensemble, tout faire pour éviter que le mécanisme de suspension [de ce régime] ne soit enclenché", a dit Jean Asselborn.

A cet égard, le ministre a tenu à souligner l’intensification des efforts de ces pays pour limiter le nombre de leurs citoyens qui demanderaient l’asile dans l’UE, notamment via des campagnes d’information, l’intensification des contrôles et l’amélioration de la coopération sur les retours et les réadmissions. "Malgré tout, des efforts supplémentaires sont nécessaires", a poursuivi Jean Asselborn, qui a jugé que si la protection et l'assistance internationales doivent être accordées à tous ceux qui y ont droit, dans le plein respect du principe de non-refoulement, des progrès rapides doivent être réalisée afin de réduire le nombre de demandes d'asile non fondées de ces pays. "Ceux qui ne sont pas dans le besoin d'une protection internationale doivent être renvoyés de manière effective dans le plein respect de la dignité humaine", a-t-il conclu.

L’UE et les Balkans partagent une responsabilité commune à l’égard des réfugiés et de leurs citoyens

Plaisantant sur les menaces météorologiques que lui-même et le ministre Asselborn avaient dû braver pour arriver à Sarajevo, le commissaire européen aux Migrations et Affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos a évoqué sur un ton autrement sérieux les autres menaces qui pèsent sur une Europe qu’il estime être "à la croisée des chemins" : la crise des réfugiés, les flux migratoires et le terrorisme. Ces menaces, par les réactions nationalistes, xénophobes et populistes qu’elles déclenchent, mettent à l’épreuve le rêve européen d’une Europe inclusive et unie. Elles devraient néanmoins, estime le commissaire, être prises comme des défis et "servir de catalyseur pour renforcer nos relations entre pays de l’Union et rapprocher les pays des Balkans de l’Union".

L’UE et les Balkans occidentaux partagent une responsabilité commune à l’égard de ceux qui viennent leur demander la protection internationale ainsi que de leurs citoyens qui doivent être protégés contre les criminels qui menacent des vies et les valeurs démocratiques, juge le commissaire. "Il est donc temps d’agir à la fois sur les questions de sécurité et sur les questions de migration. Mais pour y arriver, les pays du continent européen devraient approfondir leur coopération, car tous ont besoin des uns et des autres".

A Sarajevo, il y a eu accord sur la nécessité de réduire les flux migratoires le long de la route des Balkans, a-t-il déclaré, ainsi que d’offrir un abri aux réfugiés, à cause des conditions météorologiques qui se détériorent. Il s’agit ensuite de s’informer mutuellement sur les derniers développements. 

En même temps, a-t-il dû rappeler aux pays des Balkans occidentaux, il n’est pas permis de refuser l’entrée à ceux qui viennent demander la protection internationale en fonction de la nationalité. Il les a également informés qu’aucun Etat membre de l’UE n’avait demandé l’activation de clause de suspension dans le cadre de l’accord sur la libéralisation de la politique de visas à leur égard. Néanmoins, il a estimé que le nombre de demandeurs d’asile en provenance de leurs propres pays était trop élevé. Il leur a demandé d’aider à le réduire pour que l’entrée de leurs citoyens sans visas sur le territoire de l’UE continue à être garantie tout comme le rapprochement de leurs Etats avec l’UE.

Le commissaire a finalement annoncé que l’Initiative contreterroriste UE-Balkans occidentaux avait été adoptée. "Nous avons tous des citoyens qui ont rejoint les rangs de Daech. Il nous faut donc agir ensemble", a-t-il insisté. Il a rappelé que l’UE et les pays du Sud-Est de l’Europe ont un plan d’action commun pour la période 2014-2019 sur le trafic illicite des armes à feu, et que le Conseil JAI du 20 novembre 2015 a appelé la Commission à présenter un plan d’action de lutte contre le trafic illicite d’armes et d’explosifs à l’intérieur et à l’extérieur de l’UE.

  • Mis à jour le 07-12-2015