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Réunion ministérielle informelle

Conseil Santé informel – La démence et la prise en charge médicale des migrants à l’ordre du jour des discussions des ministres

Réunion informelle des ministres de la Santé - Conférence de presseLes ministres de la Santé de l’UE se sont retrouvés les 24 et 25 septembre 2015 à Luxembourg pour une réunion informelle consacrée à la démence, à la prise en charge médicale des migrants, à l’impact de la directive relative aux soins de santé transfrontaliers sur la mobilité et les droits des patients ainsi qu’à l’impact des acides gras trans dans l’alimentation.

La démence est un "véritable défi socio-économique"

La ministre luxembourgeoise de la Santé, Lydia Mutsch, qui a présidé la réunion, a souligné lors d’une conférence de presse que la démence constitue "un véritable défi socio-économique, qui met à rude épreuve la viabilité de nos systèmes de santé, qui requiert donc des réponses multisectorielles". Mais la lutte contre la démence nécessite aussi une approche individualisée et une intervention en temps utile après un diagnostic précoce de la maladie, a affirmé la ministre.

Selon Lydia Mutsch, les ministres jugent nécessaire "d’adapter les politiques et améliorer les pratiques de soins pour que chaque  personne atteinte d’une maladie démentielle puisse recevoir la meilleure prise en charge possible". Ils se sont également prononcés en faveur de l’échange de bonnes pratiques au sein de forums existants au niveau de l’UE et de l’OMS, a-t-elle expliqué.

La ministre a encore appelé à une déstigmatisation de la démence, à investir plus dans la recherche et à adapter le rôle et la formation des professionnels de santé pour assurer le "meilleur accompagnement possible" des malades et de leur entourage. A cette occasion, Lydia Mutsch a présenté le "programme démence prévention" (pdp) du Luxembourg, lancé en juin 2015, qui s’adresse à des personnes se trouvant au stade précoce d’une maladie d’Alzheimer ou d’une démence vasculaire afin de leur offrir un soutien post-diagnostic.

La dimension de la santé dans la migration

Au sujet de la dimension de la santé dans la migration, Lydia Mutsch a indiqué que l'impact des flux migratoires sur les systèmes de santé des États-membres ne pouvait être nié.

Les ministres se sont montrés unanimes quant à la nécessité de mieux prendre en compte la dimension santé publique dans toutes les discussions relatives à la crise des réfugiés, a-t-elle fait savoir. Cela passera notamment par la mise en place d’actions politiques cohérentes et coordonnées, a-t-elle encore annoncé. Mais il sera également important de veiller à l’accès égal des réfugiés et migrants aux systèmes de santé, et au renforcement des capacités des infrastructures de soins de santé.

Le commissaire européen à la Santé et à la sécurité alimentaire, Vytenis Andriukaitis, a indiqué que la crise des réfugiés était une "priorité immédiate" de l’UE, en particulier à l’approche de l'hiver. "Les réfugiés doivent être traités dans des conditions humaines et c’est notre devoir de leur fournir l’aide médicale dont ils ont besoin", a-t-il dit, rappelant que la Commission européenne avait mobilisé 73 millions d’euros en 2015 au titre de l’aide financière d’urgence pour l’accueil des réfugiés et l’aide médicale dans les Etats membres les plus exposés. Par ailleurs, la Commission a annoncé le 23 septembre 2015 qu’elle présenterait la semaine suivante une proposition visant à ajouter 100 millions d'euros à ce budget pour 2015, a-t-il dit.

Le commissaire a également rappelé la possibilité pour les Etats membres de demander de l’aide via le mécanisme européen de protection civile. En ce qui concerne les hotspots, il a annoncé que la Commission était en train de préparer une liste des contrôles médicaux les plus urgents (maladies transmissibles, non transmissibles, vaccinations) à réaliser en particulier auprès des enfants, des femmes, des femmes enceintes et des personnes âgées.

La mobilité et les droits des patients

Les ministres se sont également penchés sur  la transposition de la directive relative aux soins de santé transfrontaliers, qui vise notamment à clarifier les droits des patients quant à l’accès aux soins de santé transfrontaliers et à leur remboursement, alors que la Commission européenne vient d’adopter son rapport sur le fonctionnement de cette directive le 4 septembre 2015. Si la transposition de cette directive a eu lieu il y a près de deux ans (octobre 2013), une majorité des citoyens européens (9 sur 10) ne sont pas informés sur les soins qui peuvent être remboursés dans un autre Etat membre, selon un Eurobaromètre de 2014.

Lydia Mutsch a déploré que la mise en pratique de cette directive, "importante pour la mobilité et les droits des patients", se faisait "plus lentement qu'on ne pourrait l'espérer". Pourtant, "chaque citoyen de l’Union européenne est un patient potentiel susceptible de revendiquer des soins de santé adaptés, de qualité et en temps utile et, dans certains cas, ces soins se trouvent de l’autre côté de la frontière !", a précisé la ministre, rappelant que le Luxembourg se situait en tête des pays ayant un taux élevé de flux de patients sortants et qu’il était important de connaître la nature de ces flux pour faire les choix politiques adéquats .

Ainsi, afin d’assurer un accès égal à des soins de santé de haute qualité aux citoyens et d’améliorer la mobilité des patients, les ministres ont discuté de la nécessité de mieux informer les patients, et de coopérer de manière plus étroite entre États-membres, notamment dans le domaine des maladies rares et de l’eSanté.

Les risques liés à la consommation des acides gras trans

Une autre question à l’ordre du jour de la réunion est celle des acides gras trans qui sont à l’origine de maladies cardio-vasculaires sans pour autant faire l’objet d’une règlementation européenne alors que les Etats-Unis ont décidé d’interdire les acides gras trans artificiels d’ici trois ans. Les ministres se sont accordés pour inviter la Commission à publier le rapport sur la teneur de ces acides sans tarder, a précisé Lydia Mutsch. Ils ont également eu un échange de vues sur la façon d’informer les consommateurs de la présence de ces substances dans les aliments. Selon Lydia Mutsch, les Etats sont divisés entre ceux qui favorisent une réglementation au niveau européen en vue de l’établissement d’un seuil maximal et ceux qui préfèrent une "démarche volontaire" sur base d’une "coopération avec l’industrie alimentaire" qui s’engagerait sur base volontaire de réduire le seuil maximal des acides gras trans dans  un aliment.

Le commissaire Vytenis Andriukaitis a précisé pour sa part que le rapport de la Commission qui devrait être présenté "dans les prochains mois", prévoit plusieurs options : l’étiquetage obligatoire, l’établissement de limites légales ou encore une approche volontaire.

  • Mis à jour le 25-09-2015