Justice et Affaires intérieures
Autre

La réunion sur la route des Balkans occidentaux débouche sur un plan d’action en 17 points dont certains éléments seront de nouveau traités lors du Conseil JAI du 9 novembre

Le 25 octobre 2015 a eu lieu à Bruxelles une réunion extraordinaire sur la crise de la migration en Europe de l'Est et le long de la route des Balkans, convoquée par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.10.25.reunion-route-balkans-juncker-asselborn

Elle a réuni les chefs d’État ou de gouvernement de l’Albanie, de l’Allemagne, de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine, de l’Autriche, de la Bulgarie, de la Croatie, de la Grèce, de la Hongrie, de la Roumanie, de la Serbie et de la Slovénie, ainsi que le président du Conseil européen, Donald Tusk, la Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE, représentée par Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères et européennes, ministre de l’Immigration et de l’Asile, et des représentants du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), du Bureau européen d’appui en matière d’asile (BEAA/EASO) et de Frontex. La réunion était dédiée à la gestion de la crise migratoire pour définir des conclusions opérationnelles qui pourraient être mises en œuvre immédiatement.

La Commission avait envoyé aux Etats invités – huit Etats de l’UE et trois Etats qui ont une perspective européenne - et aux agences conviées un projet pour des actions qui devait être discutées au cours de la réunion. Celle-ci était placée sous le signe d’une "approche transfrontalière déterminée et collective menée dans un esprit européen, et basée sur une coopération pragmatique entre autorités nationales, régionales et locales". La plupart de ces propositions ont été retenues et sont déclinées en 17 points.

Une ambiance lourde

La réunion avait commencé dans une ambiance lourde. "Si nous ne prenons pas des mesures immédiates et concrètes sur le terrain dans les jours et semaines à venir, je pense que l'UE et l'Europe tout entière vont commencer à s'effondrer", avait déclaré le Premier ministre slovène, Miro Cerar, dont le pays a vu transiter plus de 60 000 migrants en dix jours. Le chancelier autrichien Werner Faymann avait encore un autre souci : "Le point décisif, c'est de protéger ensemble les frontières extérieures de l'UE.  Si nous échouons, les forces nationalistes de droite auront beau jeu de dire que l'Europe a échoué".

Un plan d’action en 17 points

A minuit, Jean-Claude Juncker, la chancelière allemande Angela Merkel et le Haut-Commissaire aux Réfugiés Antonio Guterres, ont annoncé les résultats de la réunion dont le but était, selon le président de la Commission, de "prévenir une crise humanitaire annoncée".

Il s’agit d’offrir dans les plus courts délais aux réfugiés et aux migrants des abris, de la nourriture et des soins le long de la route des Balkans occidentaux, vu l’approche de l’hiver.

Il s’agit également d’augmenter les capacités d’accueil des pays concernés. Jean-Claude Juncker a dans ce contexte annoncé la création de 30 000 places en Grèce jusqu’à la fin de 2015, de 20 000 autres places auprès de familles soutenues par l’UNHCR,  et finalement de 50 000 autres places le long de la route.  Tout cela est censé contribuer au fonctionnement du mécanisme de relocalisation.

Il s’agit ensuite de faire baisser le flux incontrôlé des personnes qui traversent les frontières. Jean-Claude Juncker a expliqué que les réfugiés qui ne s’enregistrent pas n’auront pas de droits.

Un échange d’informations permanent entre pays le long de la route a été convenu et les Etats participant à la réunion se sont engagés à renoncer à toute action unilatérale qui pourrait avoir un impact sur un pays voisin. Il a estimé qu’ainsi, un mouvement graduel, contrôlé et ordonné des personnes sur la route des Balkans occidentaux  pourrait être possible.

Le déploiement de 400 gardes-frontière de l’UE et l’activation par la Slovénie du mécanisme  des Equipes d’intervention rapide aux frontières (RABIT) a été annoncé, tout comme une gestion des frontières extérieures entre la Grèce et l’Ancienne République yougoslave de Macédoine en collaboration avec Frontex qui soutiendra l’enregistrement des réfugiés et migrants en Grèce.

La Commission européenne est chargée de veiller à la mise en œuvre de ces engagements sur une base hebdomadaire, en coordination avec les points de contact nationaux qui seront créés.

Jean-Claude Juncker a insisté sur le fait que fermer les frontières n’est pas une solution, mais que les Européens devraient agir ensemble, et pas les uns contre les autres.

Dans ses remarques, la chancelière Merkel a exprimé l’espoir que la création de 50 000 places d’accueil supplémentaires en Grèce permette au mécanisme de relocalisation des réfugiés de prendre son départ. Pour elle, le résultat des efforts de l’UE se décline en quatre volets : un meilleur accompagnement des réfugiés le long de la route, un saut qualitatif avec la mise en place de cinq hotspots et de l’augmentation des capacités d’accueil en Grèce, une coopération entre l’UE et la Turquie sur base du plan d’action conjoint et la coopération sur la réadmission des migrants qui n’ont pas droit à la protection internationale par les pays tiers, notamment l’Afghanistan, le Bangladesh, l’Irak et le Pakistan. Elle a aussi évoqué le Conseil Justice et Affaires intérieures (JAI) convoqué par la Présidence luxembourgeoise le 9 novembre 2015.  

La position de Jean Asselborn, président du Conseil JAI

En sa qualité de président du Conseil Justice et Affaires intérieures (JAI), Jean Asselborn a insisté sur le fait que le format de cette réunion n’était clairement pas celui du Conseil, mais "une composition particulière dans une situation exceptionnelle" à l’initiative de la Commission. Il a aussi déclaré que la première partie de cette réunion lui avait déplu parce que certains pays se sont concentrés sur la manière d’éviter d’être confrontés avec les réfugiés, alors que d’autres se sont référés à la Convention de Genève qui ne permet pas de se fermer à ceux qui demandent la protection internationale. 

La deuxième partie de la réunion, qui était axée sur le plan d’action, a en revanche conduit à la définition de "quelques directions intéressantes" qui serviront d’input au Conseil JAI du 9 novembre. Jean Asselborn a mis en exergue l’échange d’informations, l’accord avec la Grèce sur les nouvelles capacités d’accueil sur le continent, ainsi que les capacités d’accueil le long de la route. Mais la guerre continue en Syrie, a-t-il aussi dit, et il est nécessaire de négocier avec la Turquie pour qu’elle envisage de renforcer ses capacités à l’égard des réfugiés dans le domaine éducatif et du marché du travail. Le ministre a aussi attiré l’attention sur le coût des opérations envisagées. 

  • Mis à jour le 25-10-2015